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Richard Desmond réclame 1,3 milliard de livres en dommages à la UKGC

Publié le 10 octobre 2025 par Carole Belfort

En octobre 2025, Richard Desmond, magnat des médias, a déposé une demande de dommages-intérêts de 1,3 milliard de livres (environ 1,58 milliard de dollars) contre la UK Gambling Commission (UKGC) devant la Haute Cour du Royaume-Uni. Cette somme, si accordée, pourrait être financée par les contribuables britanniques, une perspective qui suscite déjà de vives réactions dans le pays. Au cœur de cette affaire, Desmond accuse la UKGC de fautes graves dans le processus d’octroi de la licence de la loterie nationale, un contrat public majeur.

Le litige remonte à 2022, lorsque la UKGC a attribué la licence de dix ans à la société Allwyn. Ce choix a été contesté par l’équipe juridique de Desmond, qui représente son entreprise d’investissement Northern & Shell et son véhicule de soumission de loterie, la New Lottery Company (TNLC). Les avocats de Desmond affirment que la UKGC a commis des erreurs manifestes dans un processus qu’ils décrivent comme complexe et opaque, entraînant une injustice pour le TNLC. En 2024, Allwyn, détenue par le milliardaire tchèque Karel Komárek, a commencé à exploiter la loterie nationale.

La décision de la UKGC a des implications financières potentiellement importantes. Si Desmond obtient gain de cause, les fonds destinés à des œuvres caritatives, alimentés par la loterie, pourraient en pâtir de manière significative. En effet, environ 30 millions de livres par semaine sont générés par les ventes de billets de loterie pour ces bonnes causes. Un tel montant de dédommagement pourrait entraîner un déficit que les contribuables britanniques devraient combler.

Le TNLC a notamment dénoncé le fait que la UKGC aurait donné des informations à Allwyn à un moment inopportun du processus, ce qui constituerait une « violation très grave » des règles de la compétition, selon eux. Cette accusation place Allwyn dans une position délicate, car elle doit défendre la légitimité de sa victoire dans cette compétition, sa réputation étant en jeu. L’entreprise a donc choisi de se ranger du côté de la UKGC pour préserver les résultats du processus de sélection.

Malgré des tentatives de règlement à l’amiable entre la UKGC et Northern & Shell, l’affaire a pris une tournure contentieuse à la Haute Cour. Desmond, par l’intermédiaire de son équipe juridique, a affirmé devant Mme Justice Smith que le processus d’appel d’offres était fondamentalement vicié pour plusieurs raisons. Ils soutiennent que la compétition aurait dû être relancée après que les termes du contrat eurent été modifiés postérieurement à l’attribution de la licence.

En réponse, la UKGC a défendu son approche, qualifiant le processus de sélection de rigoureux et exhaustif. Dans ses argumentaires juridiques, la commission a qualifié l’offre de TNLC de « fantaisiste » et a affirmé qu’elle avait obtenu de très mauvais résultats dans ce qu’ils décrivent comme une compétition rigoureuse. Sarah Hannaford KC, représentant la commission, a rejeté la demande de Desmond, qualifiant les dommages réclamés pour les gains potentiels perdus par TNLC d’ »illusoire ». Elle a déclaré qu’il était « extrêmement inhabituel, voire unique, pour un soumissionnaire ayant échoué si spectaculairement de prétendre qu’il aurait dû gagner », ajoutant que la conviction de TNLC de pouvoir réussir avec des retours d’informations plus détaillés n’était que du « vœu pieux ».

Toutefois, certains analystes du secteur estiment que les allégations de Desmond, bien que rejetées par la UKGC, soulèvent des questions pertinentes sur la transparence et l’équité du processus d’attribution des licences publiques si importantes. Ils soulignent que la confiance du public dans de telles procédures est essentielle pour maintenir l’intégrité et la crédibilité des opérations gouvernementales. Un observateur a suggéré que, bien que l’issue de l’affaire soit incertaine, elle pourrait inciter à une réévaluation des pratiques actuelles pour éviter de futurs litiges similaires.

En fin de compte, le dénouement de cette affaire pourrait avoir des répercussions bien au-delà des parties directement impliquées, affectant la perception publique du processus d’appel d’offres pour les contrats publics au Royaume-Uni. Le verdict attendu pourrait soit renforcer la légitimité des procédures de la UKGC, soit inciter à des réformes pour garantir une transparence accrue et minimiser le risque de contentieux. Les contribuables, quant à eux, suivent de près l’évolution de ce cas, conscients des conséquences financières potentielles pour eux.

Carole B

Carole Belfort est une journaliste spécialisée dans l’univers des jeux d’argent, des casinos et des tendances numériques. Passionnée par les dynamiques du marché européen, elle décrypte avec finesse les actualités du secteur, des grandes innovations technologiques aux histoires de joueurs marquants. Son ton à la fois rigoureux et humain apporte une lecture accessible et engagée, appréciée par les amateurs comme les professionnels du jeu.

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