Proposition de loi en Bulgarie pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans
Le parti politique au pouvoir en Bulgarie, le GERB, envisage sérieusement de légiférer sur l’interdiction des réseaux sociaux pour les enfants de moins de 15 ans. Cette proposition, qui a déclenché un débat public animé, est soutenue par Kostadin Angelov, président du Comité parlementaire de la santé. Angelov compare l’impact potentiel des réseaux sociaux sur la santé mentale des enfants à celui de l’addiction au jeu.
Selon Angelov, l’utilisation des réseaux sociaux par les enfants engendre un cycle de plaisir dopaminergique similaire à celui observé dans les addictions aux jeux d’argent ou aux drogues. Cela pourrait entraîner une dépendance neuronale, une anxiété accrue, des problèmes d’attention et des perturbations du sommeil. Il cite un documentaire où d’anciens ingénieurs de Google, Facebook et Twitter admettent que ces plateformes sont délibérément conçues pour exploiter ces déclencheurs psychologiques, rendant leurs utilisateurs dépendants. L’un des créateurs du bouton « J’aime » a même reconnu qu’il avait été spécialement conçu pour récompenser chaque moment d’attention, renforçant ainsi les comportements addictifs.
Angelov s’appuie également sur des recherches qui montrent que les enfants passant plus de trois heures par jour sur les réseaux sociaux courent un risque supérieur à 60 % de développer des problèmes de dépression et d’anxiété. D’autres effets négatifs incluent une baisse significative de la concentration et de l’empathie sociale. Les psychologues commencent à parler de « sevrage numérique », comparant cette tendance aux symptômes d’une addiction à des substances.
En parallèle, le problème du jeu chez les jeunes Bulgares reste un sujet de préoccupation tout au long de l’année. Les réseaux sociaux comme Facebook et YouTube ont été critiqués pour exposer les moins de 18 ans à des contenus liés aux jeux d’argent via des publicités. Cette problématique a été largement médiatisée, et des psychologues bulgares ont déclaré que ces annonces incitent les mineurs à jouer.
Angelov estime que l’accès des enfants de moins de 15 ans aux réseaux sociaux est « une addiction de masse déguisée sous forme numérique ». Il souligne que les adultes ont la responsabilité d’établir des limites plutôt que de laisser les enfants vulnérables aux algorithmes qui les transforment en consommateurs avant même qu’ils n’aient eu la chance de se développer en tant qu’individus.
Il plaide avec force pour la mise en place d’une limite d’âge, proposant d’interdire l’utilisation des réseaux sociaux à ceux de moins de 15 ans. Selon Angelov, l’objectif n’est pas de restreindre les jeunes, mais de leur rendre leur enfance, leur permettant ainsi de consacrer plus de temps au jeu, à la conversation, à la lecture et aux expériences de la vie réelle.
En Bulgarie, plusieurs programmes sont déjà en place pour lutter contre les jeux d’argent chez les moins de 18 ans et pour aider ceux qui souffrent de diverses habitudes de jeu dès leur jeune âge. Parmi eux, la campagne « Vous n’êtes pas seul », lancée l’année dernière, vise à éduquer les adolescents et les enfants sur les dangers du jeu. Dirigée par l’Agence nationale des recettes et l’Agence des douanes, elle a touché des milliers d’enfants pendant l’année scolaire 2024/2025 et continue aujourd’hui sa mission d’éducation des jeunes.
Cependant, cette proposition de loi ne fait pas l’unanimité. Certains critiques estiment que l’interdiction des réseaux sociaux pourrait priver les enfants d’un espace important pour le développement social et l’apprentissage. Ils soulignent que les réseaux sociaux, malgré leurs inconvénients, offrent également des opportunités éducatives et de connexion que d’autres médias ne peuvent pas toujours égaler. Un expert en éducation a exprimé son inquiétude, affirmant que bannir l’accès aux réseaux sociaux pourrait avoir des conséquences involontaires sur le développement des compétences numériques essentielles à l’ère moderne.
Dans un environnement numérique en constante évolution, la question de la régulation des réseaux sociaux pour les jeunes reste complexe. Si la protection de la santé mentale des enfants est une priorité indéniable, il est crucial de trouver un équilibre entre protection et empowerment numérique. Le débat en Bulgarie pourrait bien inspirer d’autres nations à reconsidérer leur approche sur cette question délicate, alors même que le monde continue de naviguer dans les eaux parfois troubles de l’ère numérique.
Carole Belfort est une journaliste spécialisée dans l’univers des jeux d’argent, des casinos et des tendances numériques. Passionnée par les dynamiques du marché européen, elle décrypte avec finesse les actualités du secteur, des grandes innovations technologiques aux histoires de joueurs marquants. Son ton à la fois rigoureux et humain apporte une lecture accessible et engagée, appréciée par les amateurs comme les professionnels du jeu.
