Novomatic prolonge son offre d’acquisition pour Ainsworth Game Technology
Le 4 novembre 2025, la société autrichienne de jeux Novomatic AG a annoncé qu’elle prolongeait son offre pour acquérir les actions restantes d’Ainsworth Game Technology (AGT) jusqu’au 3 décembre. Cette initiative vise à renforcer sa mainmise sur le fabricant australien de machines à sous, et a été confirmée par un dépôt auprès de l’Australian Securities Exchange. L’offre initiale devait expirer le 3 novembre et proposait aux actionnaires un prix de 1,00 AUD par action, valorisant ainsi AGT à environ 158,6 millions AUD, soit environ 103,1 millions USD. Le Comité indépendant du conseil d’administration d’Ainsworth a conseillé aux actionnaires d’accepter l’offre, la qualifiant de « juste et raisonnable » à défaut de propositions meilleures avant la nouvelle échéance.
Depuis le début de l’année 2024, Novomatic a peu à peu renforcé son contrôle sur la société basée à Sydney. Depuis l’annonce de ses ambitions de rachat total en avril, la société de jeux d’argent a augmenté sa participation de 52,9 % à environ 61,5 %. Initialement, Novomatic avait envisagé d’utiliser un plan de regroupement pour parvenir à ses fins, mais une coalition d’actionnaires dirigée par Kjerulf Ainsworth, fils du fondateur de l’entreprise Len Ainsworth, a réussi à bloquer cette initiative.
Cette lutte pour le contrôle intervient dans un contexte déjà tendu pour Ainsworth Game Technology, accentué par la démission de son PDG Harald Neumann, un ancien cadre de Novomatic. Neumann a quitté ses fonctions après que le Nevada Gaming Control Board lui a conseillé de retirer sa demande de licence américaine, à la suite de rapports le liant à une enquête sur le financement politique en Autriche. Son départ à ce moment crucial a accru l’incertitude parmi les investisseurs.
Pourtant, malgré les recommandations du Comité indépendant, une opposition au rachat persiste. Kjerulf Ainsworth a récemment lancé une contre-offensive limitée, proposant un rachat proportionnel qui ferait passer sa participation de 7,27 % à 9,9 %. Son offre à 1,30 AUD par action dépasse sensiblement celle de Novomatic. Ainsworth présente son offre comme une tentative de protéger la valeur pour les actionnaires et de maintenir une influence australienne sur la direction de l’entreprise.
Dans une lettre adressée aux actionnaires, Ainsworth affirme que son offre n’est pas un défi au contrôle mais une protestation contre ce qu’il décrit comme une érosion de l’indépendance. Bien qu’il soit limité par des restrictions réglementaires l’empêchant de posséder plus de 10 % de l’entreprise, il a laissé entendre qu’il pourrait entreprendre d’autres démarches si les conditions du marché s’y prêtaient.
Les offres concurrentes ont mis en évidence les divisions croissantes au sein de la structure de propriété d’Ainsworth, s’ajoutant aux défis récents de l’entreprise. Ces dernières années, la performance de la société a souffert en raison d’une demande stagnante sur ses principaux marchés et d’une concurrence accrue de la part de nouvelles entreprises de technologie de jeu. Une intégration complète avec Novomatic pourrait aider à stabiliser les opérations, mais cela pourrait également entraîner un déplacement du contrôle, de la prise de décision et de la propriété intellectuelle hors d’Australie.
Cependant, certains analystes estiment que l’offre de Novomatic pourrait offrir à Ainsworth une opportunité d’accéder à des ressources et un savoir-faire supplémentaires, potentiellement bénéfiques pour revitaliser son portefeuille de produits. Un expert du secteur a suggéré que « la capacité de Novomatic à injecter de nouveaux capitaux et à fournir des technologies de pointe pourrait donner à Ainsworth un avantage concurrentiel sur le marché mondial, à condition que les deux entreprises parviennent à aligner leurs objectifs stratégiques. »
En parallèle, la résistance de Kjerulf Ainsworth souligne une volonté de conserver une identité australienne forte et une certaine autonomie décisionnelle. Cette opposition reflète les préoccupations plus larges concernant la concentration croissante du pouvoir entre les mains d’entreprises multinationales, et la crainte que les décisions stratégiques prises depuis l’étranger ne nuisent aux intérêts locaux.
Dans ce climat de tension économique et stratégique, l’issue de cette bataille pour le contrôle d’Ainsworth Game Technology reste incertaine. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si les actionnaires choisiront de suivre l’avis du Comité indépendant en acceptant l’offre de Novomatic, ou s’ils opteront pour la voie défendue par Kjerulf Ainsworth, qui cherche à préserver l’indépendance et l’influence australiennes au sein de l’entreprise. Quoi qu’il en soit, cette affaire met en lumière les défis complexes auxquels sont confrontées les entreprises du secteur des technologies du jeu, naviguant entre croissance mondiale et préservation de l’identité nationale.

Carole Belfort est une journaliste spécialisée dans l’univers des jeux d’argent, des casinos et des tendances numériques. Passionnée par les dynamiques du marché européen, elle décrypte avec finesse les actualités du secteur, des grandes innovations technologiques aux histoires de joueurs marquants. Son ton à la fois rigoureux et humain apporte une lecture accessible et engagée, appréciée par les amateurs comme les professionnels du jeu.
